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Thermorégulation du cheval

La thermorégulation du cheval est un dispositif de régulation de la chaleur. Elle permet de maintenir la température corporelle dans des limites de ± 2°C. On prend la température rectale comme repère.
=> la “norme” peut varier :
  • étalon : 37.6°C
  • poulain : 39.3°C
  • plus basse le matin que l’après-midi (on peut atteindre 1°C d’écart)

Où se passe la thermorégulation du cheval ?

  • La peau est le lieu de dissipation de la chaleur vers l’extérieur. La dissipation dépend de la différence entre la température de la peau et la température ambiante.

=> La peau, les tissus cutanés et la graisse des tissus sous-cutanés sont des systèmes isolants corporels.

  • La graisse est particulièrement importante. 
  • Mais les poils ont aussi un rôle isolant majeur. Ils retiennent une couche plus ou moins importante d’air (avec un réglage d’épaisseur rapide par le contrôle d’érection).

Thermogénèse et thermolyse

L’équilibre thermique résulte de l’équilibre entre la production de chaleur (thermogenèse) et et les pertes de chaleur (thermolyse).
  1. D’un côté, la thermogenèse de base résulte de l’activité métabolique. Quand le cheval se déplace, se nourrit… cela entraîne une thermogenèse supplémentaire. Les muscles produisent au cours du travail, plus de 80% de la chaleur corporelle !
  2. De l’autre, la thermolyse s’accompagne d’une sensation de froid. Elle est due à la   :
    • radiation (rayonnements émis par un mur, une surface).
    • conduction : par contact avec une matière qui n’est pas à la même température (solide ou fluide).
    • convection : par renouvellement d’un fluide (air, eau) autour du cheval. La perte est accentuée dans un courant d’air.
    • évaporation de l’eau.

La neutralité thermique

Il y a 2 extrêmes de température ambiante létale qui dépassent les capacités de régulation de la température :
  • trop froid (hypothermie)
  • et trop chaud (coup de chaleur).

=> la thermorégulation se fera entre les deux.

  • pour un cheval adulte habitué à des conditions climatiques tempérées : sa zone de neutralité thermique est entre + 5 °C et + 25 °C.
  • pour un cheval adulte habitué à des conditions climatiques froides : sa zone de neutralité thermique est entre -15 °C et + 10 °C 
=> il faut 3 semaines à un cheval pour s’habituer à de nouvelles conditions climatiques.

Estimer la chaleur subie par le cheval

Nous pouvons avoir l’impression qu’il fait particulièrement « chaud », mais c’est trompeur. L’exactitude de notre interprétation dépend de nombreux facteurs tels que :
  • si nous sommes acclimatés et depuis combien de temps nous sommes exposés à la chaleur ;
  • à ​​quel point nous sommes hydratés ;
  • si nous nous reposons ou si nous travaillons et à ​​quel point nous travaillons dur ;
  • notre tolérance individuelle à la chaleur ;
  • si nous sommes au soleil ou à l’ombre et s’il y a du vent ou pas…
 
On mesure les 5 composants du stress thermique : 
  • la température à l’ombre (d’où l’intérêt de planter des arbres) ;
  • la quantité d’humidité dans l’air (souvent mesurée en % d’humidité relative) : pour vérifier le niveau d’hygrométrie en direct, chez vous, allez voir là  ;
  • la force du soleil (celle qui détermine l’indice de nos crèmes solaire) : par temps nuageux la force du soleil est moins forte ;
  • la réflexion du rayonnement sur le sol (d’où l’intérêt de réfléchir aux revêtements choisis pour les surfaces équestres – et aussi pour les pistes)
  • la vitesse du vent (pensez à repérer les courants d’air chez vous)

=> pour avoir une idée de la composante “température / hygrométrie”  permettant d’envisager ou pas une activité avec son cheval, allez voir cet article ici

1 - Lutte contre la chaleur par facilitation de la thermolyse :

  • Pour commencer, avec la redistribution au niveau de la peau : les réseaux capillaires sous-cutanés (profond et superficiel) permettent de modifier les qualités isolantes de la peau. Ce sont des zones “radiateurs” (oreilles, queue) favorables aux déperditions caloriques (poils courts et peu denses). Ils permettent une régulation “à long terme”.
  • Et aussi par redistribution sanguine au niveau des membres : la déperditions de chaleur particulièrement importantes au niveau des extrémités . L’apport d’oxygène aux muscles doit être assuré, donc le débit sanguin est maintenu. Mais, on observe une redistribution sanguine au niveau des membres. Sur un cheval qui a chaud, on voit les veines sous la peau
=> le retour veineux emprunte la veine saphène (c’est une veine périphérique). Le sang artériel arrivant au niveau de la peau (non refroidi par des échanges de chaleur à contre courant avec le sang veineux), est plus chaud : cela facilite les pertes thermiques. Le sang veineux montant se réchauffe au contact du sang artériel qui se refroidit en descendant. L’anatomie prévoit des échangeurs de chaleur : veines entourant une artère ventrale. Cela permet le réchauffement du sang veineux venant de la peau par le sang artériel et le refroidissement de celui-ci avant qu’il n’atteigne la peau.
Doucher l’intérieur des membres postérieurs aide la thermorégulation : mais cette technique est très dépensière en eau. . Il est important d’en tenir compte :
  • pour organiser une récupération des eau de pluie par exemple afin d’alimenter la douche des chevaux,
  • ou pour privilégier les autres moyens de thermorégulation.

Cas du cerveau

La température du cerveau ne doit pas augmenter de 1°C. Une irrigation spéciale permet son contrôle avec  une dissociation entre les température cérébrale et corporelle.
  • Chez le cheval, l’artère carotidienne interne traverse le sinus crânial caverneux, ce qui permet un échange de chaleur à contre courant et une thermorégulation du système nerveux central. 
  • Dans le cas du cheval monté, la paire de poches gutturales remplies d’air qui enveloppent les artères carotidiennes interne sont un autre mécanisme de thermorégulation. 
=> Doucher le cheval sur le haut du crâne va permettre d’optimiser l’effet radiateur des oreilles et favoriser la thermorégulation du cerveau.

Cas des testicules

Chez le cheval a spermatogenèse exige une température testiculaire inférieure à la température corporelle.
Il existe des dispositifs anatomiques qui permettent de réduire la température testiculaire :
  • les muscles qui en se relâchant quand la température ambiante augmente et éloignent les testicules du corps,
  • le sang chaud de l’artère testiculaire est refroidi par des échanges à contre-courant au niveau des veines testiculaires,
  • il n’y a pas non plus de tissu adipeux,
  • mais des glandes sudoripares abondantes.
=> Doucher le mâle au niveau des testicule va augmenter l’effet de thermorégulation.

2 - Lutte contre la chaleur par augmentation des pertes :

Premièrement :
L’évaporation de l’eau est un processus efficace de refroidissement. Dans des conditions normales de température et d’humidité, 2 phénomènes permettent la perte d’environ 25% de la chaleur produite chez l’animal au repos.
 
  • La sudation est prédominante chez les espèces de grande taille.
La peau peut être refroidie à une température inférieure à la température ambiante, ce qui entraîne un apport exogène d’énergie. Elle s’effectue par une élimination de l’eau par les glandes sudoripares.
La sueur du cheval contient des glycoprotéines. Elles vont favoriser la dispersion de la sueur sur le pelage et donc augmenter l’évaporation. Cette glycoprotéine est responsable de l’écume que l’on retrouve au niveau des zones de frottement (propriétés moussantes).
=> Quand on douche un cheval on va déclencher un mécanisme comparable à la sudation :
    • une première perte par convection (la chaleur corporelle va passer dans l’eau qui est chauffée par contact),
    • et lorsqu’on passe ensuite le couteau de chaleur pour ne laisser qu’une fine pellicule d’eau, c’est le mécanisme d’évaporation qui vient s’ajouter (d’où l’intérêt de le faire).

=> s’il y a des courants d’air là où on laisse le cheval sécher, cela augmente la perte (d’où les précaution à prendre pour ne pas laisser le cheval n’importe où, car il peut vraiment prendre froid…).

=> il est important d’apprendre à passer le couteau de chaleur non pas pour sécher le cheval mais pour laisser juste assez d’eau afin favoriser la transpiration.

Deuxièmement
La thermorégulation est une des fonctions du système respiratoire. La polypnée thermique se traduit par une brusque accélération des mouvements respiratoires.
Les mouvements de l’air sur une surface humide (muqueuse nasale avec les naseaux qui s’ouvrent au maximum, et trachéale) assurent une perte importante d’eau et donc d’énergie. Elle est généralement accompagnée d’une augmentation de la production salivaire, qui peut donc permettre une augmentation considérable de la thermolyse.

ATTENTION

Un cheval peut perdre jusqu’à 15 litres de transpiration par heure d’activité intense par forte chaleur ET sa transpiration contient 4 fois plus de sels que celle de l’humain.
1 )  on va toujours laisser de l’eau à disposition permanente du cheval (sans le laisser se jeter dessus).
2 )  il faut prévoir de le complémenter en électrolytes :
  • on laisse bien sûr une pierre à sels à disposition en permanence mais on sait que le cheval ne va pas toujours en consommer.
  • on va donc aussi pouvoir mettre du sel sur le foin ou dans les compléments distribués.
3 )  il est utile d’apprendre à vérifier le niveau d’hydratation du cheval avec le test du pli de la peau (Pincez la peau au niveau de la pointe de l’épaule et notez le temps qu’il faut pour que la peau revienne à sa place) :
  • remise en place immédiate : le cheval n’est pas déshydraté
  • en 2 à 3 secondes : la déshydratation est légère
  • en 6 à 10 secondes : la déshydratation est vraiment importante et il faut agir
  • au-delà, le cheval est en danger de mort !!!
 

3 - Deux moyens de lutter contre la chaleur par réduction de la thermogenèse :

1 ) Réduction de la thermogenèse endogène :
  • prise de nourriture réduite : on va laisser du foin à volonté mais ne pas supplémenter en aliments riches en énergie (bien sûr on adapte au cas par cas : il ne s’agit pas de mettre le cheval en difficulté : dans le cas du cheval habituellement monté, son activité “sportive étant réduite, ses besoins le sont aussi),
  • consommation alimentaire la nuit : on pourra observer le comportement des chevaux et remarquer que leur consommation va diminuer en journée pour se concentrer sur les heures plus fraîches
2 ) Et réduction de la thermogenèse exogène :

Le milieu environnant peut apporter de l’énergie.

  • adoption d’une position vis-à-vis du soleil minimisant la surface exposée ;
  • on favorise les zones ombragées (naturelles, avec de nombreuses haies, disposées judicieusement en fonction de la course du soleil – ou artificielles, avec des abris, voiles d’ombrages et autres) ;
  • le choix des revêtements au sol compte :
    • on sait que les couleurs sombres et les matériaux minéraux absorbent la chaleur et la restituent ensuite.
    • on sait aussi que les couleurs claires ont des propriétés de réverbération éblouissantes. Il convient de trouver le meilleurs compromis.

4 - Autres mécanismes de thermorégulation

Il y a des mécanismes de régulation de la température corporelle via :
  • des mécanismes nerveux de rétrocontrôle,
  • et à travers des centres de régulation de la température localisés dans l’aire préoptique de l’hypothalamus.

=> il y a des détecteurs de température qui déterminent si la température corporelle est trop élevée ou trop basse.

  • neurones sensibles à la chaleur
  • d’autres sensibles au froid
  • ainsi que des thermorécepteurs de la peau.
=> l’hypothalamus a un rôle de thermostat.

Thermorégulation en permaculture équine

Le Design du site va permettre :

  • de localiser les microclimats au fil des saisons ;
  • de choisir les composants permettant de profiter des microclimats favorables et d’amoindrir les microclimats défavorables.

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